L’APPRENTISSAGE CHEZ UN TOUT-PETIT, ÇA SE PASSE COMMENT EN VRAI ?
“Et si pour aider un enfant à faire du vélo, au lieu de lui donner des roulettes on commençait par les lui enlever ?“
Comme l’évoque Josette Serres* dans cette petite provocation en titre, avant d’être capable de formaliser des notions, l’enfant doit les vivre dans son corps…
A quelques jours de la rentrée, voici quelques secrets sur la manière d’apprendre des tout-petits.
L’apprentissage d’un élément comme l’eau va commencer par de multiples expériences que l’enfant intègre avec son corps : mouliner, arroser, verser, couler, transvaser, faire flotter, faire couler…
Ces expériences souvent vues par l’adulte comme basiques, sont en fait une méthodique intégration par l’enfant, des propriétés physiques de ce matériau étonnant qu’est un liquide.
Le temps des jeux de bain, laboratoire incroyable de votre futur ingénieur ou poète de 18 mois !
* Josette Serres, Docteur en Psychologie du Développement
Mon enfant rentre à l’école, “il est grand“ !
Bien sur qu’il est grand notre petiot avec son cartable de tigre sur le dos ©EliseKrivan, mais la rentrée scolaire approchant, c’est l’occasion de rappeler qu’un enfant de 3 ans entrant en Maternelle va continuer d’apprendre comme il l’a fait depuis sa naissance : par l’exploration et l’expérimentation avec son corps.
L’enfant à l’école ne devient pas un être intellectuel en capacité d’écouter des explications longues et détaillées sur tel ou tel sujet, de les intégrer et les appliquer. L’école est un facilitateur d’apprentissage par la mise à disposition d’objets ou de situations qui vont proposer à l’enfant de continuer à découvrir le monde par une découverte autonome.
De plus la dimension communautaire et sociale de l’école est primordiale, parce que les autres enfants vont permettre au tout-petit de se positionner, d’imiter, et il vivra une forte stimulation : choix de faire pareil ou autrement.
Rassurons-nous, l’enfant n’a pas besoin de l’adulte pour naître intelligent.
Un nouveau-né possède déjà une sorte de pré-cablage et des algorithmes disponibles pour apprendre et analyser le monde. C’est ce que nous apprennent les études récentes des neurosciences – Apprendre, les talents du cerveau, le défi des machines de Stanislas Dehaene – Editions Odile Jacob).
Un exemple à la Galerie Hydrolica – Le Planay en Savoie
Dans ce centre d’interprétation de l’hydroélectricité en montagne, des ateliers Cycle 1 ont été mis en place avec des jeux d’eaux, et entre autres, des maquettes ©aquaplay (canaux de circulation, avec vannes et écluses).
L’atelier limité à 5 enfants, permet à chacun d’explorer en autonomie une partie de la maquette en manipulant l’eau, la faisant passer, la stopper, ou voir la force de l’eau qui fait tourner une petite roue.
Un apprentissage sous une condition essentielle : un adulte observant, un groupe réduit d’enfants…
L’adulte en émerveillement
Pas question d’attendre à la fin de l’atelier une formulation orale des enfants.
Celle-ci viendra plus tard selon les enfants qui naturellement vont commenter, s’étonner, mais à la seule condition de l’adulte présent à ce temps et lui même en émerveillement aux cotés des enfants.
Ainsi, c’est à l’adulte de gérer sa frustration ou ses craintes de l’apprentissage réussi ou non – et faire confiance au cerveau du tout-petit qui découvre le monde.
Un groupe réduit d’enfants
“Au delà de 15 enfants dans une pièce, les tout-petits sont en surcharge cognitive et leur taux de cortisol (hormone du stress) augmente, ils ne sont plus en capacité d’apprendre quoi que ce soit. Leurs expérimentations sont freinées,“ explique Josette Serres, Docteur en Psychologie du Développement. Article complet sur Edumiam.
Lire aussi sur le sujet le livre de Josette Serres et Christine Schuhl – Laissons les expérimenter ! – Editions Chronique sociale (Fiches d’idées et de jeux)
C’est toute la vie que l’apprentissage passe par l’exploration et l’expérimentation, mais on peut commencer à se former.
